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Saviez-vous que lorsqu’une réunion comprend des hommes et des femmes, nous pouvons parler d’une réunion multi-culturelle ? Et les femmes ne sont pas forcément à leur avantage. Leur pourcentage de chance d’être entendu en réunion est réduit.
Oui, oui ! Je ne vais pas vous faire le coup de « Les hommes viennent de mars et les femmes de Vénus » (1) mais ce n’est pas très loin de ça.
Le langage est socialement acquis ; il dépend de notre vécu. Et cela a une répercussion sur notre style linguistique. Cette différence conduit à de nombreuses incompréhensions. Par exemple, les femmes, avec leur manière de s’exprimer, semblent, pour les hommes, moins compétentes et sûres d’elles qu’elles ne le sont en réalité.
Quand nous parlons, nous communiquons à deux niveaux :
🔆 le premier est celui de la communication d’une idée
🔆 le deuxième, invisible, touche la transaction relationnelle. « A travers notre manière de parler, nous annonçons – et établissons – les statuts relatifs des intervenants et la nature de leurs rapports. » (2)
✔ Là se joue la manière dont nous avons structuré la communication depuis notre enfance. Les filles accordent de l’importance aux liens dans la relation tandis que les garçons tendent à acquérir des rituels centrés sur le « statut ». Cela ne veut pas dire que garçons et filles vont tous adhérer à cette typologie. Mais, pour la plupart, c’est le cas. Les recherches de Deborah Tannen, linguiste américaine, professeur à l’université de Georgetown, Washington D.C., montrent que « ces leçons provenant de l’enfance se retrouvent dans le monde du travail ». (2)
Cheryl, au cours d’une réunion, a énormément contribué à apporter des idées. Elles ont toutes été reprises par Phil qui les a défendues. Le binôme fonctionnait à merveille mais c’est Phil qui a été reconnu comme contribuant le plus par les hommes participant à cette réunion, pas Cheryl.
« Les hommes tendent à être sensibles à une dynamique du pouvoir (…), ils parlent de façon à être placés en position de supériorité et opposent une résistance à ceux qui les mettent en position d’infériorité. (…) Les femmes s’expriment de façon à épargner les autres et modèrent les déclarations qui pourraient être perçues comme cherchant à mettre quelqu’un dans une position d’infériorité. (…) Et comme dans le cas de Cheryl et Phil, [ces schémas linguistiques] ont une incidence sur l’individu qui se fait entendre ou sur celui qui se voit attribuer le mérite. » (2)
La psychologue Laurie Heatherington, professeur émérite au Williams College, Williamstown, Massachusset, et ses collègues ont montré qu’il y a plus de risques que les femmes minimisent leurs certitudes, alors que les hommes risquent de faire de même avec leurs … doutes !
« S’excuser, modérer ses critiques par des éloges et échanger des compliments sont des rituels communs entre les femmes que les hommes prennent souvent au pied de la lettre. » Pour un homme, ce peut être considéré comme une marque de faiblesse. « Un rituel commun entre les hommes, mais que les femmes prennent au premier degré, est l’opposition rituelle. » (2) Et les femmes n’aiment pas, en général, la foire d’empoigne !
Et si le manager est présent, alors la différence se fait encore sentir au désavantage des femmes. La façon dont nous parlons reflète nos valeurs morales. Les hommes vont amplifier leurs succès, les femmes vont les minimiser.
⁉ Est-ce que hommes et femmes ne seraient pas sur deux planètes différentes ?
💥 Conclusion : cela ne sert à rien de demander aux femmes de plus s’affirmer. Quoi que maintenant qu’elles auront lu cet article et pris conscience que l’affirmation de soi leur serait utile, elles vont peut-être y prêter attention.
En revanche, c’est au manager, qu’il soit homme ou femme, de prendre conscience de ces mécanismes et de s’assurer que « chacun peut faire entendre ses idées et s’en voir attribuer le mérite ». (2)
- John Gray, J’ai lu
- La Bible du parfait orateur, collection Harvard Business Review France